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Ali Gerba carbure au respect

La saison de la MLS a débuté depuis près de trois semaines. Après avoir brièvement goûté à la compétition dans cette ligue sous les couleurs du Toronto FC, Ali Gerba ne ressent pas d’émotion particulière en regardant des matchs à la télé ou en personne comme il l’a fait récemment en allant voir jouer ses amis Dwayne De Rosario (échangé aux Red Bulls de New York le 1er avril), Julian de Guzman et Nana Attakora lorsque les Reds ont accueilli les Timbers de Portland au BMO Field, le samedi 26 mars.








« Ça me fait un petit pincement parce que je connais bien quelques joueurs dans cette ligue et je les respecte beaucoup, explique-t-il. Mais, les histoires avec le Toronto FC, c’est du passé. Je suis très bien comme joueur de l’Impact, je joue à Montréal comme j’ai toujours souhaité le faire et j’ai très hâte que la saison commence. »








Ali Gerba n’a pas tourné les coins ronds en vue de la dernière saison de l’Impact dans un championnat de seconde division.








DOSSIER ÉQUIPE NATIONALE




C’est ce qui explique, en grande partie, sa décision de décliner respectueusement l’offre de l’entraîneur national de prendre part à un camp de l’équipe du Canada en Turquie, puis au match amical qui a suivi contre le Bélarus (victoire canadienne de 1-0, à Antalya, le 29 mars).








« J’ai expliqué au sélectionneur Stephen Hart que je tenais plus que tout, cette année, à être à 100% pour avoir tous les atouts afin de bien performer et pour montrer aux dirigeants montréalais que je me donne à fond, a raconté Gerba qui aura trente ans, en septembre prochain. Ma priorité, c’est l’Impact de Montréal.»








Dans cette histoire aussi, il est question de respect.
















« Je suis un peu déçu de ne pas avoir été rappelé lors des sept derniers matchs, même si je suis le meilleur buteur actif de l’équipe nationale, a raconté Ali Gerba. J’essaie de ne pas prendre cette question de façon trop personnelle, mais ça me déçoit un peu. »








Ali Gerba a marqué 15 buts en seulement 29 matchs dans le maillot canadien. Son ami De Ro revendique le même nombre de buts, mais en 56 matchs. Quant à Rob Friend, l’attaquant habituellement rappelé par le Canada, il a marqué deux buts en trente matchs.








« Je ne me suis jamais présenté avec l’équipe du Canada pour être un numéro de plus ou pour me contenter de jouer au touriste, explique Gerba. Chaque fois qu’on m’a sélectionné, j’ai répondu à l’appel et j’ai prouvé que j’ai ma place parmi les meilleurs. Je pense avoir fait mes preuves. »








LA GOLD CUP 2011




Le Canada a été placé dans un groupe complété par la Guadeloupe, le Panama et… les États-Unis. Le premier match du groupe C opposera d’ailleurs les Canadiens à leurs rivaux américains, le 7 juin à Detroit.








« On verra bien ce qui se passera à ce moment, dit Gerba. Je n’ai rien dit de méchant quand ils ont décidé de ne pas me sélectionner dans le passé. Ils n’ont donc rien à me reprocher. J’espère que je serai jugé sur mes performances sur le terrain et sur rien d’autre. Je suis très fier d’être Canadien et de jouer pour notre équipe nationale. Ils savent ce que je vaux, ils savent qui je suis. Je me concentre à jouer mes matchs et advienne que pourra! »








LE RESPECT DE MARC DOS SANTOS




L’entraîneur-chef Marc Dos Santos voue un grand respect à Ali Gerba, mais affirme qu’il se tirerait dans le pied et dans celui de son attaquant s’il élaborait un schéma tactique centré autour de son numéro 10.








« Le plus important, et Ali serait 100% d’accord avec moi, c’est l’équipe, explique Marc Dos Santos. Car si un jour, Ali ne peut pas jouer pour cause de suspension, de blessure ou pour toute autre raison, ça peut créer une ambiance de « Ali n’est pas là » et entamer la confiance du groupe. Dans les années 80, on voyait des schémas tactiques centrés autour d’un traditionnel numéro 10 comme Platini ou Maradona, mais le soccer est devenu tellement organisé que, pour connaître du succès, tout le groupe doit se sentir tout le temps impliqué.»








N’empêche que Marc Dos Santos ne reniera jamais l’avantage indéniable de pouvoir compter sur un attaquant productif.








« C’est un gros atout en autant qu’on l’utilise selon ses caractéristiques propres, note l’entraîneur-chef de l’Impact. Ali peut jouer seul en pointe, mais il est meilleur à deux avec un gars comme Pierre-Rudolph (Mayard) ou Reda (Agourram) qui tourne autour de lui. On développe alors le schéma tactique en tenant compte de cette situation.»
















CARTE BLANCHE




Le respect de l’entraîneur-chef envers son attaquant vedette se transpose aussi au moment de prendre des décisions professionnelles.








« Lorsqu’il a reçu l’invitation à prendre part au camp d’entraînement de la sélection nationale du Canada en Turquie en vue du match amical contre le Bélarus, on en a beaucoup parlé. Sa décision était prise, c’était très personnel, mais ses raisons étaient tout à fait valables. Ali est quelqu’un de droit et, tout en étant conscient de l’honneur de porter les couleurs de son pays, il a privilégié ce qu’il croyait être le plus important pour lui à ce moment. Je respecte cela à 100%.»








L’Impact avait donné carte blanche à Ali Gerba pour prendre cette décision. Il en a profité pour parfaire sa condition physique, afin d’être fin prêt à entreprendre du bon pied la saison 2011 en NASL.








« On ne dira jamais non à un joueur appelé en sélection nationale, a précisé Dos Santos. Mais on respectera aussi le joueur qui décline une invitation et qui, comme Ali, veut revenir à 100%. Depuis le début du camp, sa forme ne cesse de s’améliorer, il est plus léger, plus rapide, plus fort… la progression est notable. En plus, Ali aime être dans un bon groupe et il retrouve ça dans notre effectif actuel.»








Ce que reconnaît spontanément l’attaquant né au Cameroun.








« Ça nous a pris un peu de temps à faire connaissance car il y a pas mal de nouveaux visages, mais tout le monde a l’air de vouloir se donner à fond alors on devrait connaître une bonne saison, conclut Ali Gerba. Je suis heureux présentement. En plus, c’est agréable de voir tout l’enthousiasme que l’entrée en MLS génère à l’intérieur du club et partout autour. Ça me fait très plaisir comme Québécois de voir que notre équipe va enfin jouer dans la cour des grands! »








Martin Smith, Impact Média