International

Dépasser les limites

Victor Cabrera

MONTRÉAL – « Il fait froid aujourd’hui. Tu n’as pas de manteau, toi? »
En effet, Victor Cabrera, c’est frais au centre d’entraînement de l’Impact de Montréal. Mais n’est-ce pas mieux d’avoir froid que de vouloir s’arracher les yeux des orbites parce que ça brûle?
Cabrera, prêté à l’Impact par les géants argentins River Plate, a vu ses anciens coéquipiers souffrir jeudi soir dernier, lorsqu’ils ont affronté le rival éternel Boca Juniors à La Bombonera. L’une des plus grandes rivalités au monde reprenait du service en huitièmes de finale de la Copa Libertadores.
Tout juste avant la seconde mi-temps, des partisans de Boca ont libéré du gaz poivre dans le tunnel menant au terrain. Quatre joueurs de River – Ramiro Funes Mori, Matias Kranevitter, Leonardo Ponzio et Leonel Vangioni – ont dû se rendre à l’hôpital en raison de brûlures. La confédération sud-américaine, CONMEBOL, a suspendu la rencontre avant le début de la période et accordé la victoire par défaut à River Plate le lendemain.
En entrevue à MLSsoccer.com vendredi matin, Cabrera a reconnu que de tels incidents pouvaient inciter davantage de joueurs sud-américains à envisager une carrière en MLS.
« Quelques personnes m’ont demandé comment c’était ici, a souligné Cabrera. Je leur ai dit que c’était tranquille, que les gens étaient gentils. C’est un autre monde. Cela dit, la passion là-bas est immense. Mais je crois qu’il y a de l’intérêt de l’autre côté. Il s’y passe beaucoup de choses, il y a de l’insécurité et tout. Ça peut être une bonne idée. »
Il faut cependant souligner que Cabrera n’aurait probablement pas été sur le terrain jeudi même s’il était resté en Argentine; il n’a joué qu’un match avec l’équipe première de River, en février 2014.
Malgré tout, Cabrera s’est senti impuissant en regardant le tout à la télévision. C’était la première fois, a-t-il rappelé, que des partisans avaient utilisé du gaz poivre dans un SuperClasico entre Boca et River.
« Ce qu’il y a de bien dans le football argentin, ce sont les gens et l’appui qu’on reçoit, a indiqué Cabrera. Certaines choses se disent, mais il y a une ligne à ne pas franchir. On ne peut pas utiliser du gaz poivre comme ça. De tels incidents sont inacceptables. »
En prêt jusqu’à la fin de la saison en MLS, Cabrera a déjà vécu bien des choses à Montréal. Il s’est familiarisé avec la position d’arrière droit et a marqué l’épopée de l’Impact en Ligue des champions de la CONCACAF avec son premier but chez les professionnels, le deuxième d’une victoire de 2-0 contre Alajuelense dans le premier match de la demi-finale.
Une blessure à la cheville l’a ralenti, mais qu’importe : il est assez bien à Montréal pour envisager un séjour plus durable – plus encore depuis jeudi soir.
« En vérité, je m’y plais beaucoup ici, a reconnu Cabrera. J’aime le club. Je me sens bien. C’est dommage que je ne puisse jouer en raison d’une blessure. Je suis en prêt, mais ça me plairait de rester. Nous devrons voir comment ça se passe avec les matchs, mais c’est bien. J’aime ça. »
Au moins, il sait déjà qu’il lui faut un manteau chaud.