Business

L’Impact sent l’effet Didier Drogba à tous les niveaux du club

Drogba effect

MONTRÉAL – Huit départs, neuf buts, une passe décisive, six victoires et une qualification pour la phase finale Audi de la Coupe MLS 2015.


Ces faits d’armes ne disent pas tout de l’influence de Didier Drogba sur l’Impact de Montréal – qu’en est-il de son jeu dos au but, par exemple? –, mais ils donnent une idée de l’« Effet Drogba » sur le terrain.


Toutefois, Drogba transcende son sport. Son influence dépasse le simple cadre du jeu. On ne peut pas tout mesurer : l’aura qui entoure l’équipe de Didier Drogba, l’amour que les partisans de l’Impact lui accordent, le sentiment d’appartenance qu’il transmet aux jeunes de l’Académie.


Mais certains chiffres permettent de cerner l’Effet Drogba hors du terrain.


À cet égard, le constat général est on ne peut plus clair, selon le vice-président exécutif des opérations soccer et du Stade Saputo, Richard Legendre : chaque indicateur de rendement s’est amélioré au cours des dernières semaines.


« Que ce soit la vente de maillots – des maillots Didier Drogba, on aurait pu en vendre plus si on en avait eu plus, et on en aura plus dans l’avenir –, nos revenus de vente aux concessions alimentaires – forcément, le stade est plein –, les cotes d’écoute, nos performances sur les réseaux sociaux, ça s’est grandement amélioré, a souligné Legendre en point de presse, mercredi matin. C’est sur tous les fronts qu’on sent une énergie nouvelle et une fierté nouvelle. »


L’indice le plus visible de cet effet, dans la vie de tous les jours, est l’apparition des maillots Drogba no 11 un peu partout à Montréal. Le club s’est même retrouvé en rupture de stock, ce qui fait que les partisans qui voulaient leur maillot devaient le faire venir des États-Unis.


Et les partisans voulaient vraiment le maillot : Drogba, après à peine trois mois en MLS, s’est installé parmi les 20 meilleurs vendeurs de maillots sur MLSStore.com en 2015. Son maillot représente 38 % des ventes de maillots montréalais à cette boutique officielle.


Ces maillots – et ceux de la Côte d’Ivoire – ont rempli le Stade Saputo. Depuis les débuts de Drogba, le 22 août, l’Impact aura joué à guichets fermés, devant 20 801 personnes, lors de cinq matchs à domicile sur six, y compris ce dimanche contre le Toronto FC dans le cadre du Jour décisif. Les huit derniers matchs à domicile ont attiré des foules de plus de 20 000 spectateurs en moyenne, soit environ 4 000 de plus que la moyenne d’assistance montréalaise en 2015 jusque là.


C’est d’ailleurs en 2015 que l’Impact a attiré le plus de partisans au stade, toutes compétitions confondues, depuis son arrivée en MLS. Plus de 460 000 partisans ont été de la partie, contre 420 000 en 2012, la saison la plus courue jusqu’ici. L’épopée de l’Impact en Ligue des champions a grandement contribué à ces chiffres; le club a même établi un record d’assistance pour du soccer professionnel au Canada lorsque 61 004 partisans ont rempli le Stade olympique pour la finale perdue contre Club América.


« On sent une fierté renouvelée du Bleu-Blanc-Noir, a indiqué Legendre. C’est extrêmement important pour nous que cette fierté soit durable, parce que les résultats qu’on a eus dans le passé, notamment en 2014, étaient loin d’être satisfaisants aux yeux de la ligue. »


Ce souhait pourrait se réaliser. Un mois après la mise en vente des abonnements pour 2016, l’Impact a déjà atteint le meilleur taux de renouvellement de son histoire, qui se situait à 81 %. La saison prochaine, au moins 84 % des abonnés seront de retour. Encore mieux, 2 000 nouveaux abonnés rejoindront l’Impact – l’ancien record était de 1 700.


« C’est clair qu’il y a eu un effet Didier Drogba, a constaté Legendre. Mais je dirais que ce n’est pas le seul effet, parce qu’on voyait quand même, en juillet, les foules augmenter. Mais on est passé d’une moyenne d’environ 17 000 à des guichets fermés presque chaque fois. Il y a un effet, mais je pense qu’il ne faut pas non plus minimiser l’importance du revirement qui s’est passé sur le terrain. »


Après un mois d’août difficile, Mauro Biello a remplacé Frank Klopas à la barre. La fiche de l’Impact, depuis, s’est établie à 6-2-2. L’équipe a gagné deux fois à l’étranger, consolidé sa défensive et s’est donné des airs d’équipe transformée.


Drogba a aussi marqué neuf des 16 buts de l’équipe. S’il est vrai que c’est collectivement que l’Impact s’est amélioré, il ne faut pas minimiser la contribution de son no 11.


« Quand on regarde les 10 derniers matchs, c’est complètement changé. Résultats positifs sur le terrain, arrivée de Didier Drogba, et la course aux séries, ça fait beaucoup d’éléments positifs en même temps. »


Les partisans se sont rués vers le stade, mais ils ont aussi soutenu l’équipe de leur salon. Les deux chaînes qui diffusent les matchs de l’Impact à la télévision (RDS et TVA Sports) ont confirmé à MLSsoccer.com avoir relevé un effet positif.


« Notre échantillon est restreint pour le moment, mais pour les quelques matchs que nous avons présentés depuis l’arrivée de Drogba avec l’Impact, on parle de cotes d’écoute qui ont pratiquement doublé », a indiqué Simon Céré, chef des communications et relations publiques à RDS, dans un courriel.


Même son de cloche du côté de TVA Sports.


« Clairement, la passion pour le soccer au Québec et à travers le Canada est grandissante, par exemple, lors de la finale de la Ligue des Champions de la CONCACAF, c’est une moyenne de 402 000 téléspectateurs qui étaient à l’écoute, pour une part de marché de 13,3 %, avec une pointe à la minute atteignant 722 000 téléspectateurs, un record d’écoute pour un match de l’Impact à TVA Sports, a précisé par courriel Audrey St-Pierre, attachée de presse du Groupe TVA, en citant des données de Numeris. L’arrivée de Didier Drogba ne pouvait qu’entretenir cet élan. »


Drogba retient également beaucoup l’attention des médias. Presque un an jour pour jour après que Legendre ait reproché aux médias leur couverture déséquilibrée de l’Impact, il a fait part de la satisfaction du club quant à l’amélioration de cette couverture, un constat que valide le courtier en information médias Influence Communication.


En ce qui a trait à la couverture médiatique sportive, le Canadien de Montréal s’est assuré un poids médias stable, au Québec, de 2014 aux dix premiers mois de 2015. Environ sept nouvelles sportives sur dix portent sur le Canadien.


Mais l’Impact a jusqu’ici quadruplé son poids médias en 2015, selon les données d’Influence Communication, ce qui ne laisse que des miettes aux autres équipes de la LNH, à la joueuse de tennis montréalaise Eugenie Bouchard et aux Alouettes de Montréal, qui se classent aux troisième, quatrième et cinquième rangs respectivement. (Influence Communication publiera son rapport complet sur 2015 vers la fin de décembre.)


Selon Jean-François Dumas, président d’Influence Communication, s’il est vrai que la Ligue des champions a stimulé l’intérêt envers l’équipe, il n’y a aucun doute que Drogba est l’« épicentre médiatique » derrière cet élan.


Cela s’avère encore davantage à l’extérieur du Québec – « Lors de la Ligue des Champions de la CONCACAF, les médias mexicains ont accordé 15 fois plus de couverture à l’Impact que les médias québécois », rappelle-t-il –, et M. Dumas martèle qu’une formidable fenêtre d’opportunité s’est ouverte pour que l’Impact s’établisse fermement comme la plus importante équipe de sport professionnel à Montréal, derrière le Canadien. Bouchard n’a pu confirmer son impressionnante saison 2014, tandis que les Alouettes ont beaucoup déçu.


« C’est l’année de l’Impact, a souligné M. Dumas en entrevue téléphonique. Médiatiquement, on l’a appelée l’année de l’Impact. C’est exceptionnel, en termes de médiatisation, même s’ils sont encore loin du Canadien et qu’ils le resteront. »


M. Dumas précise toutefois qu’on parle encore davantage de Drogba et de l’Impact de Montréal à l’étranger que dans leur propre marché. Mais l’Effet est bien réel.


« J’ai l’impression que l’Impact va fort probablement pouvoir capitaliser là-dessus l’année prochaine, parce que cette médiatisation leur permet de bâtir leur base d’amateurs et de ne pas devoir remettre les compteurs à zéro dans un an, avance M. Dumas. Le Canadien ne recommence pas à zéro chaque année. »


Si l’Impact joue bien ses cartes, peut-être que ce sera la province qui dansera à son rythme – même après son départ.


« Il est énorme, énorme ici, a indiqué l’entraîneur-chef par intérim Mauro Biello en entrevue à ExtraTime Radio sur MLSsoccer.com. On l’a vu à l’aéroport avec la réaction des partisans. C’est une grande vedette du soccer, mais il l’est tout autant sur le plan culturel. Compte tenu du fait qu’il joue bien et qu’il aide l’équipe, sa popularité en ville ne fait que croître encore plus. Nous sommes extrêmement heureux qu’il soit ici – et qu’il soit ici pour les bonnes raisons. »


Follow @olitremblay