MLS 101 : Une grande variété de joueurs désignés

HenryNY

Les rumeurs au sujet de Nicolas Anelka, Alessandro Del Piero et Didier Drogba se font entendre à Montréal depuis quelques temps. Tous les supporters du club se demandent si l’Impact fera l’acquisition d’un fameux « joueur désigné ».


Lors de la saison 2011, la Major League Soccer comptait en ses rangs 23 joueurs à porter ce statut de joueur désigné. Mais tous n’ont pas le même profil, loin de là.


Avant de rentrer dans les détails, rappelons d’abord ce qu’est un joueur désigné. Comme vous le savez sans doute, la MLS est une compétition qui impose un plafond salarial à ses équipes. Cependant, une règle permet d’avoir trois joueurs dont seulement une partie de la rémunération est prise en compte dans le calcul : ce sont eux qu’on appelle les joueurs désignés.


UN RÈGLEMENT CRÉÉ POUR BECKHAM
Tout a commencé en 2007, quand David Beckham a souhaité franchir l’Atlantique et passer du Real Madrid à Los Angeles. Un gros problème se posait : avec le plafond salarial, impossible de répondre à ses prétentions financières. Un règlement plus loin, et le problème était contourné. La MLS s’apprêtait aussi à écrire une page d’histoire. Car Beckham a fait de nombreux émules.


« C’est un changement majeur dans notre philosophie, expliquait Don Garber, commissaire de la MLS, au moment de l’annonce du nouveau règlement. Nous avons désormais un mécanisme qui permet aux équipes d’attirer quelqu’un qui gagne des sommes d’argent comparables à ce que gagne un David Beckham. Nous devons attirer vers la MLS les gens qui regardent la Coupe du monde à la télévision. Et un moyen d’y arriver est d’avoir des joueurs qui bénéficient d’une reconnaissance internationale. »

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L’Anglais, qui touche aujourd’hui 6,5 millions de dollars américains par an (soit près de 2,5 fois le plafond salarial), possède un profil que, dans un premier temps, tout le monde pensait idéal, voire unique, pour les joueurs désignés : vedette internationale dont le nom fait vendre à lui seul, qui compte beaucoup de sélections pour son pays, a défendu les couleurs d’au moins un des meilleurs clubs du monde et approche de la fin de sa carrière.


Ça ne veut pas dire que ces joueurs viennent chercher une retraite dorée en ne faisant plus grand-chose, loin de là. En 2011, Beckham en était quand même à sa cinquième saison en MLS et a aidé le Galaxy a décrocher la Coupe MLS.


Autre joueur qui correspond à ce profil, le Français Thierry Henry (New York) a terminé troisième du classement des buteurs de la compétition. Arrivé en 2010, son coéquipier mexicain Rafael Marquez a, à 32 ans, encore de beaux jours devant lui. La liste s’est encore allongée au cours des derniers mois, avec l’Allemand Torsten Frings (Toronto) et l’Irlandais Robbie Keane (Los Angeles).


GARDER OU RAMENER LES VEDETTES LOCALES
Avant l’apparition de la règle du joueur désigné, le plafond salarial était aussi un obstacle pour conserver les meilleurs joueurs locaux : ils étaient attirés par les sirènes des championnats européens pour des raisons sportives mais aussi financières. Désormais, il est donc possible soit de les garder, soit de les faire revenir au pays.


Malgré quelques (courtes) expériences hors-frontières, Landon Donovan, meilleur buteur de l’histoire de l’équipe nationale américaine, est ainsi resté fidèle à l’équipe de Los Angeles, qui peut le payer à hauteur de son talent. C’est aussi bénéfique pour la MLS, qui peut se féliciter d’avoir au sein d’un de ses clubs un des joueurs les plus emblématiques du soccer des États-Unis.

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Plus près de chez nous, Toronto en a de son côté profité pour ramener au bercail Julian de Guzman, qui venait de passer quatre saisons à La Corogne, en D1 espagnole. Quant à Shalrie Joseph (New England), s’il vient de l’île de Grenade, il fait partie des meubles dans son club où il évolue depuis 2003. Et quand son contrat a été prolongé il y a quelques jours, son salaire a été revu à la hausse pour en faire un joueur désigné. « Les supporters ne veulent pas des vedettes internationales, ils veulent tout simplement des vedettes, déclare Garber. Je ne serais donc pas surpris que dans un avenir rapproché, nous nous retrouvions avec un plus grand nombre de joueurs désignés américains. »

UN CHOIX DE CARRIÈRE DEVENU INTÉRESSANT
Sans être des vedettes locales ni internationales, plusieurs centaines de joueurs sur la planète ont les qualités et l’expérience nécessaires pour renforcer la MLS. Cependant, ils ont longtemps été impayables, non pas en raison des finances des clubs mais bien des limites réglementaires. Une fois de plus, la règle du joueur désigné a changé la donne.


Avec eux, on entre aussi dans une échelle de salaires plus raisonnable. Si, comme les joueurs cités précédemment, Juan Pablo Angel (Chivas USA) dépasse le million de dollars, les émoluments des autres tournent en moyenne autour du demi-million. Beaucoup de ces joueurs viennent d’Amérique latine et, parfois après un passage en Europe, ont décidé de poursuivre leur carrière aux États-Unis.


C’est ainsi le cas du Mexicain Omar Bravo (Kansas City), du Péruvien Andrés Mendoza (Columbus), du Colombien David Ferreira (Dallas) ou du Costaricain Alvaro Saborio (Salt Lake). Leur expérience est importante pour la MLS. Ces joueurs sont très suivis dans leur pays d’origine et leur réussite pourrait donner l’idée à leurs compatriotes que la MLS est une étape intermédiaire avantageuse avant d’aller en Europe, voire une alternative intéressante.


Mais désormais, des Européens répondant au même profil sont eux aussi intéressés à jouer de notre côté de l’Atlantique. Bronko Boskovic, international monténégrin, a quitté le Rapid Vienne pour DC United, alors que le Néerlandais Aaron Winter a persuadé son compatriote Danny Koevermans de rejoindre le Toronto FC. « J’ai bien réfléchi et je me suis dit que si je tentais une aventure à l’étranger, ça en serait une très belle, expliquait Koevermans quelques jours avant de prendre la direction de l’Ontario. Aux Pays-Bas, entendre parler du soccer aux États-Unis ou au Canada prête à rire… mais je peux vous dire, après avoir visité les installations, que c’est très professionnel. »


Bien moins connu avant d’arriver au Canada, le Français Eric Hassli, finaliste au titre du But de l’année en 2011, est parti du FC Zurich pour faire désormais les beaux jours de Vancouver. Beaucoup de ses compatriotes l’ont découvert lorsqu’il a marqué un but extraordinaire à Seattle au début du mois de juin. Mais pour le moment, il n’envisage pas un retour en Europe. « Je suis très content de jouer dans une ville aussi incroyable que Vancouver, se réjouit-il. Le niveau de jeu est assez intéressant, il y a beaucoup de bons joueurs. »


MAINTENANT, PLACE AUX JEUNES


Tous les joueurs cités jusqu’à présent ont un point commun : ils sont trentenaires ou presque. Longtemps, le jeune joueur désigné a été une denrée rare. Mais il est de plus en plus commun. Seattle a montré l’exemple, en enrôlant Alvaro Fernandez (25 ans) et Freddy Montero (24 ans). Tous deux jouaient dans un grand club de leur pays (respectivement le Nacional Montevideo en Uruguay et le Deportivo Cali en Colombie) et comptaient quelques sélections en équipe nationale quand Seattle les a recrutés.

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Parmi ces jeunes, seul le Gambien Mustapha Jarju (25 ans, Vancouver) a une longue expérience en dehors de son pays, après cinq ans en Belgique, où il a terminé meilleur buteur de D2 lors de sa dernière saison, à Mons. Tous les autres ont effectué directement le chemin entre leur pays natal et la MLS : le Brésilien Jeferson, l’Argentin Milton Caraglio et les Colombiens Diego Chara et Fabian Castillo.


Âgé de 19 ans, ce dernier représente peut-être l’avenir des joueurs désignés. Souhaitant en effet encourager l’engagement de jeunes de talent, la MLS a décidé qu’à partir de la saison prochaine, le salaire d’un joueur désigné de 23 ans ne comptera que pour 200 000 $ dans le calcul lié au plafond salarial. Et pour un jeune de 20 ans ou moins, on descendra à 150 000 $, au lieu des 335 000 $ des joueurs désignés plus âgés.


« Si nous voulons continuer de grandir, il faut trouver de bons jeunes joueurs qui peuvent venir en MLS et en devenir des vedettes à long terme, déclare à ce sujet Todd Durbin, vice-président exécutif de la MLS. Mais les équipes sont hésitantes au moment d’engager des jeunes, car cela représente davantage d’incertitudes. Pourtant, elles en ont détecté qui les intéressent. Désormais, il est plus facile d’attirer et de former les futures stars de la Major League Soccer. »


Depuis l’apparition de la règle du joueur désigné, la MLS a gagné en crédibilité sur la scène internationale. Dans un premier temps, grâce à la renommée de Beckham et consorts. Mais c’est surtout le talent des joueurs moins connus qui a permis à la compétition de hausser son niveau sportif, et on se rend compte aujourd’hui qu’il n’y a pas un profil-type de joueur désigné, mais que chaque club peut en enrôler en fonction de sa politique. Ce qui contribue à façonner leur identité, et les rapproche de leurs supporters.

Année
Joueur
Club actuel
Salaire 2011 
<p align="center">2007</p>
<p>Beckham, David &ndash; ANG</p>
<p>Los Angeles Galaxy</p>
<p align="right">6 500 000$</p>
<p align="center">2010</p>
<p>Henry, Thierry &ndash; FRA</p>
<p>New York Red Bulls</p>
<p align="right">5 600 000$</p>
<p align="center">2010</p>
<p>Marquez, Rafael &ndash; MEX</p>
<p>New York Red Bulls</p>
<p align="right">4 600 000$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Robbie Keane &ndash; IRL</p>
<p>Los Angeles Galaxy</p>
<p align="right">3 417 243$</p>
<p align="center">2010</p>
<p>Donovan, Landon &ndash; ET</p>
<p>Los Angeles Galaxy</p>
<p align="right">2,300 000$</p>
<p align="center">2009</p>
<p>de Guzman, Julian &ndash; CAN</p>
<p>Toronto FC</p>
<p align="right">1 910 746$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Koevermans, Danny - PB</p>
<p>Toronto FC</p>
<p align="right">1 413 319$</p>
<p align="center">2007</p>
<p>&Aacute;ngel, Juan Pablo - COL</p>
<p>Chivas USA</p>
<p align="right">1 250 000$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Frings, Torsten - ALL</p>
<p>Toronto FC</p>
<p align="right">1 113 662$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Hassli, Eric - FRA</p>
<p>Vancouver Whitecaps FC</p>
<p align="right">900 000$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Ferreira, David &ndash; COL</p>
<p>FC Dallas</p>
<p align="right">705 000$</p>
<p align="center">2010</p>
<p>Montero, Fredy &ndash; COL</p>
<p>Seattle Sounders FC</p>
<p align="right">656 000$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Rost, Frank - ALL</p>
<p>New York Red Bulls</p>
<p align="right">545 460$</p>
<p align="center">2010</p>
<p>Bo&scaron;ković, Branko - YOU</p>
<p>D.C. United</p>
<p align="right">525 367$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Jarju, Mustapha - GAM</p>
<p>Vancouver Whitecaps FC</p>
<p align="right">426 883$</p>
<p align="center">2010</p>
<p>Fern&aacute;ndez, &Aacute;lvaro - URU</p>
<p>Seattle Sounders FC</p>
<p align="right">366 667$</p>
<p align="center">2010</p>
<p>Sabor&iacute;o, &Aacute;lvaro - CR</p>
<p>Real Salt Lake</p>
<p align="right">305 625$</p>
<p align="center">2010</p>
<p>Bravo, Omar &ndash; MEX</p>
<p>Sporting Kansas City</p>
<p align="right">170 000$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Char&aacute;, Diego &ndash; COL</p>
<p>Portland Timbers</p>
<p align="right">143 758$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Milton Caraglio &ndash; ARG</p>
<p>New England Revolution</p>
<p align="right">54 000$</p>
<p align="center">2011</p>
<p>Castillo, Fabi&aacute;n &ndash; COL</p>
<p>FC Dallas</p>
<p align="right">42 000$</p>
<p align="center">2012</p>
<p>Shalrie Joseph - GRE</p>
<p>New England Revolution</p>
<p align="right">non-disponible</p>