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Jack Stern : Entraîneur des gardiens

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MONTRÉAL – L’entraîneur des gardiens à l’Académie de l’Impact de Montréal, Jack Stern, était ambitieux, et il avait un rêve : jouer dans la Premier League anglaise.


Au fil de son parcours au Wimbledon FC – le club original, celui qui a déménagé à Milton Keynes en 2003 –, Stern a travaillé pour devenir gardien de l’équipe première. Une de ses inspirations était un autre produit de l’académie devenu capitaine : un certain Nigel Reo-Coker.


Tout juste avant le déménagement du club, Stern a été libéré. Déjà âgé de 16 ans, il s’est tourné vers le club de sa ville natale, Lewes, dans les divisions inférieures du soccer anglais. Une année en Amérique, à l’Université de la Caroline du Sud-Upstate, a suivi.


Stern est retourné en Angleterre à l’âge de 19 ans. Il avait tout tenté pour devenir joueur professionnel. Sagement, il a choisi de changer son approche.


« Je voulais essayer d’atteindre les plus hauts sommets de ce que j’entreprenais, raconte Stern, en entrevue à MLSsoccer.com. Si je ne pouvais y arriver comme joueur, j’ai vite compris que si je devenais entraîneur, je pourrais atteindre le sommet de cette profession-là. J’ai commencé tôt. »


Stern s’est inscrit au programme de sciences de l’entraînement en sports à l’Université de Worcester, un établissement qui entretient des liens étroits avec le club West Bromwich Albion, en Premier League. Stern est devenu stagiaire à temps partiel à West Brom – sans salaire pour les six premiers mois –, où il travaillait avec des gardiens des niveaux U7 à U16. Il n’était encore, à 21 ans, qu’un étudiant.


« Les entraîneurs devraient commencer par là, affirme Stern. Tu dois apprendre comment communiquer. C’est difficile de communiquer avec un enfant de sept ans qui ne sait rien du football que ce qu’il ressent naturellement. »


Stern a obtenu son diplôme à l’été 2012. Quelques jours plus tard, West Brom lui a offert un emploi à temps plein. Il venait enfin d’atteindre la Premier League.


Son travail à l’académie s’est alors étendu jusqu’au niveau U21 et même à certains gardiens de l’équipe première. L’actuel numéro 1 des Baggies, Ben Foster – un ancien de Manchester United –, demeure un de ses préférés.


Encore au début de la vingtaine, Stern avait un travail de rêve comme entraîneur et récoltait les fruits de son pragmatisme. Mais s’il se concentrait sur sa carrière, il devait tout de même trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.


Tout au long de son séjour à West Brom, Stern vivait avec sa fiancée. Une fille de Montréal.


« Elle avait toujours voulu revenir à Montréal un jour, se souvient Stern. C’était une situation vraiment difficile pour nous, parce que quand tu travailles à temps plein dans un club de Premier League, peu d’emplois peuvent accoter celui que tu as. »


Mais Stern, bon fiancé qu’il est, a commencé à s’intéresser à l’Impact de Montréal. En visite à Montréal pour Noël en 2012, il est allé prendre un verre et discuter avec l’actuel entraîneur des gardiens aux niveaux U14, U13 et Pré-Académie de l’Impact, Owen Braun.


Braun lui a tout bonnement fait savoir que le poste d’entraîneur des gardiens chez les U23 était libre. Stern, sceptique quant à la possibilité que Montréal soit un pas en avant sur le plan professionnel, n’avait pas l’intention de s’en aller de West Brom. Mais l’idée a fait son chemin.


L’été suivant, Stern s’est rendu en France pour y rencontrer trois entraîneurs des équipes de jeunes de l’Impact qui étaient en stage à Saint-Étienne. Chaque entraînement et discussion, au cours des trois jours suivants, ont fini de convaincre Stern que l’Académie de l’Impact lui conviendrait. Il a quitté West Brom en bons termes en décembre 2013.


« Quand tu travailles pour un club comme West Brom, qui a 100 ans d’histoire et de réussite en Angleterre et dont l’Académie est prolifique, tu travailles à un haut niveau, mais tu ne crées rien, explique Stern. Tout était en place. Nous étions faits pour réussir. Pouvoir venir ici et commencer quelque chose, créer quelque chose, ç’avait quelque chose de très romantique pour moi. »


Ce nouvel emploi a mis Stern en contact avec de jeunes gardiens aussi athlétiques que ceux de West Brom, mais qui accusaient un retard technique et tactique. Depuis, l’Impact a mis sur pied sa Pré-Académie dès le niveau U7, et Stern est fier de constater que l’écart se rétrécit.


Stern a bon espoir de voir un gardien – ou trois – atteindre l’équipe première. Ce sera un athlète brave et agressif, habile de ses pieds, solide sur le plan mental et capable de faire la poignée de gros jeux nécessaires pour gagner un match.


« Nous pouvons produire – pouvons produire – des gardiens de classe mondiale ici, à Montréal, soutient Stern. C’est ce que je veux faire. Je crois que nous pouvons le faire, car nous avons maintenant un système qui se compare avantageusement aux systèmes de l’Europe et du monde. Nous devons être patients. Nous avons besoin de temps. Nous n’allons pas produire un gardien de classe mondial en un an, deux ans, même trois ans. Mais dans le prochain cycle de cinq ans, nous voulons commencer à le faire. »


MLS a mis au monde bien des gardiens exceptionnels, et Stern croit que certains des partants actuels peuvent inspirer ses jeunes. Le gardien de l’Impact, Evan Bush, en fait bien sûr partie, mais d’autres comme Bill Hamid, de D.C. United – qui a rencontré Stern lors de stages d’entraînement à West Brom – et Sean Johnson, de Chicago, sont sur cette liste.


Ces trois-là ont réussi ce que des milliers, dont Stern, n’ont pu faire : partir d’une académie ou des rangs collégiaux et faire carrière comme gardien professionnel. Mais Stern, maintenant âgé de 27 ans, ne changerait pas d’emploi. Il est heureux à Montréal, déterminé à réussir en Amérique du Nord avant de retourner travailler en Angleterre – si jamais il y retourne.


Encore aujourd’hui, Jack Stern est ambitieux, et il a un rêve : que chacun de ses jeunes réalise le sien.


« Je crois en la MLS et en ce que la MLS tente de faire pour devenir l’une des grandes ligues du monde, souligne Stern. Je crois en ce club et en ce que nous tentons de faire pour devenir l’une des grandes équipes de la MLS. Quand on parle d’atteindre le sommet, on pense à Manchester United, au Real Madrid, à Barcelone, qu’il faut travailler pour ces clubs.


« Mais on revient toujours aux gardiens qu’on produit. Et qu’on produise ces gardiens pour Manchester United ou pour l’Impact de Montréal, pour moi, c’est ça, les plus hauts sommets : produire des gardiens assez bons pour jouer en MLS, au plus haut niveau, pour l’équipe canadienne. Faire ça ici, où je suis conscient de l’importance que tout cela a pour la ville, pour les gens, pour l’organisation, c’est ça, pour moi, les plus hauts sommets. »


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