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Le rôle grandissant de Wandrille Lefèvre

Wandrille Lefèvre substitute warmup 2012

MONTRÉAL – Il y a quatre ans, Wandrille Lefèvre était un des espoirs de l’Académie de l’Impact de Montréal en milieu de terrain. Il n’avait même pas encore joué avec l’équipe première en NASL.
Comme les choses changent : la semaine dernière, Lefèvre a joué 180 minutes en défense centrale aux côtés de Laurent Ciman, qui s’est rendu à la Coupe du monde avec la Belgique.
« La vie va vite, le foot va vite, a souligné Lefèvre, mardi. Trois, quatre ans plus tard, on en est là, avec une MLS qui grandit année après année. »
La carrière de Lefèvre n’a plus rien à voir avec l’époque de l’Académie : il a joué 21 matchs au cours de ses deux saisons chez les pros en plus de glisser du milieu à la défense. Or, cette année, on ne l’a que peu vu dans cette MLS en croissance. Avant la semaine dernière, il n’avait commencé qu’un match, le verdict nul de 2-2 contre Orlando City le 28 mars.
Mais avec trois matchs en huit jours la semaine dernière, l’entraîneur-chef montréalais Frank Klopas a dû faire tourner l’effectif. Il a remplacé Bakary Soumare par Lefèvre mercredi dernier contre Vancouver.
Le rendement de Lefèvre dans cette victoire de 2-1 a forcé la main de Klopas.
« Je n’ai pas voulu trop changer de choses [dans le match suivant], a reconnu Klopas. Dans un cas, j’ai dû le faire en raison d’une blessure. Baky va bien. Il comprend la situation, et pour lui, ce qui compte, c’est que l’équipe aille bien. »
Trois jours plus tard, Lefèvre a rejoué à Columbus. Une fois de plus, il a été superbe, et l’Impact a gagné 2-1.
« Je n’ai jamais douté de moi, a indiqué Lefèvre. Je sais ce que je peux faire. Après, c’est toujours de le reprouver, parce que, quand on ne joue pas pendant un certain temps, on se fait un peu oublier du public, des médias, de tout l’environnement de notre club. C’était important de démontrer que je suis toujours là et qu’on peut compter sur moi. »
Lefèvre a assumé de grandes responsabilités défensives. Contre les Whitecaps, Ambroise Oyongo a été un arrière droit audacieux – Lefèvre a couvert ses montées. À Columbus, Oyongo a été remplacé par Nigel Reo-Coker, un milieu de terrain naturel. Lui aussi formé à ce poste, Lefèvre a compris la situation de Reo-Coker a ajusté son jeu en conséquence pour aider son coéquipier au besoin.
L’entraîneur Klopas a louangé Lefèvre pour son ardeur au travail et sa persévérance, tant sur le terrain qu’en dehors. Même après deux mois sans match, Lefèvre a saisi sa chance lorsqu’elle est venue.
« Les joueurs rendent au personnel et à l’équipe la confiance qu’on leur accorde, a soutenu Klopas. C’est le plus important. Tout le monde comprend que la concurrence est forte, et il n’y a pas de meilleure façon de le prouver que lorsque des gars jouent bien et aident l’équipe à gagner lorsqu’ils montent au jeu. »
Dès la première minute contre Vancouver, une chimie s’est installée entre Lefèvre et Ciman. Les deux joueurs étaient sur la même longueur d’onde, aptes à se couvrir mutuellement et à communiquer aisément. Les deux francophones s’entendent bien dans la vie de tous les jours; ils peuvent donc se permettre d’être vertement honnêtes l’un envers l’autre.
« Sur le terrain, il a pleine confiance en moi et il me laisse libre, a expliqué Lefèvre. Moi, j’aime ça que la personne à côté de moi ne soit pas toujours en train de surveiller tout ce que je fais, qu’elle fasse confiance les yeux fermés à mon travail. Ça me permet de jouer mon jeu sans essayer de surjouer ou de sous-jouer parce que je sens que la personne n’est pas en confiance. Là, vraiment, c’est pleine confiance. Je suis libre. Et vice-versa, évidemment; c’est plus facile pour moi de lui faire confiance. »
Lefèvre inspire confiance. Éloquent, intelligent et plus mature encore que ses 25 ans ne l’indiquent, il fait partie de ces arrières centraux élégants dont le moindre geste semble réfléchi, même sous pression.

Lorsqu’il n’était qu’un jeune professionnel, Lefèvre comparait son calibre à celui d’arrière central no 3. Avec ce qu’il a montré aux côtés de Soumare ou de Ciman, c’est autre chose.


« Maintenant, je sais que je suis un numéro 2-bis, a avancé Lefèvre. Avec le groupe qu’on a, j’estime que je peux être sur le terrain n’importe quand et que ça ne fait pas de différence. Je pense que mes entraîneurs, mes dirigeants, mes coéquipiers me voient de la même manière. Après, c’est tout simplement d’avoir une chance et de la saisir. Je l’ai saisie pour l’instant. À moi de ne pas la lâcher. »