Commentary

Une « vague d’Ivoiriens » atteint Montréal

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MONTRÉAL – Vendredi après-midi dernier, dans Côte-des-Neiges, au restaurant L’Abidjanaise – Abidjan est la capitale économique de la Côte d’Ivoire et « L’Abidjanaise », son hymne national.


Sur le mur du fond, une affiche nous souhaite la bienvenue dans un dialecte du pays. Trois affiches honorent les Éléphants, l’équipe nationale de Côte d’Ivoire. Le portrait est idéal pour une soirée de visionnement. Didier Drogba, meilleur buteur de l’histoire du pays, fait ses débuts pour l’Impact de Montréal le lendemain soir.


« Demain soir, je ferme », annonce Cécile, la chaleureuse propriétaire du restaurant.


Oh.


« On va au stade. »


Ah!


Poulet braisé à l’ivoirienne, riz gras, garba et choukouya ne sont que quelques-unes des (délicieuses, quoiqu’un peu épicées) saveurs du jour à l’Abidjanaise. Mais Drogba, comme en témoigne l’enthousiasme de la communauté ivoirienne, est la saveur des 18 prochains mois – la durée de son contrat avec l’Impact.


Assise à une table près de la caisse, Pascale, une jeune Ivoirienne, rayonne de fierté. Une « vague d’Ivoiriens » atteint Montréal, blague-t-elle. Elle attend le match avec impatience, mais aucun ami n’a encore accepté de l’y accompagner.


« Je suis fière de le savoir ici, dit-elle de Drogba. Les Ivoiriens, même si on n’a pas envie de se parler quand on se croise, on s’arrête et on se parle de Drogba. Je suis vraiment contente. J’ai regardé son arrivée à l’aéroport à la télé – je guettais l’écran chaque minute! »


Devant elle, Adjanatou, une amie du Burkina Faso, le pays voisin. Elle n’ira pas au Stade Saputo avec Pascale. Elle ne regarde pas le soccer, et elle taquine Pascale en soulignant qu’elle non plus ne s’intéresse pas vraiment au jeu.


« Ce qui m’intéresse, c’est de regarder la réaction des Ivoiriens, confie Adjanatou. Pascale, elle me saoulait, me cassait les oreilles avec Drogba. “Il est ici, il est ici!” S’il joue bien, s’il marque demain, je vais peut-être l’accompagner au Stade. »


Mais Adjanatou comprend le phénomène Drogba et avance que les habitants du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire tenteront bien de se tenir au courant de l’équipe de Drogba au Canada. Ceux qui ont migré ici, pour leur part, pourront téléphoner à leurs proches restés là-bas pour leur parler du contact privilégié avec Drogba.


Cécile pose d’autres affiches au mur près de l’entrée. Sur l’une d’elles, Drogba est flanqué de Hassoun Camara, qui a du sang sénégalais, et du Ghanéen Dominic Oduro. On peut y lire : « Il est Bleu-Blanc-Noir. On est ensemble. »


« Avec Drogba, demain, les Ivoiriens se sont donné le mot pour venir au Stade, soutient Cécile. On a eu de bons prix pour la communauté africaine. On sera tous là. Avec le maillot de la Côte d’Ivoire. »


Ce sera une première pour Cécile au Stade Saputo. Pour Pascale aussi – si quelqu’un la suit.


« C’est la vedette, rappelle Pascale. Personne ne le connaît pas, même les tout petits enfants. Même quand tu rencontres quelqu’un que tu ne connais pas, quand tu dis que tu viens du pays de Drogba… on engage la conversation avec toi. »